Speaker
Description
La maîtrise et l'habileté dans l'utilisation d'outils technologiques sont des compétences souvent encouragées et valorisées socialement, mais par ailleurs, une utilisation excessive de ces derniers peut encore être jugée négativement. À partir d’une enquête qualitative par des entretiens semi-directifs auprès des 15 individus âgés de 71 ans à 81 ans qui maîtrisent des objets technologiques divers et qui déclarent être des « accros », nous nous interrogeons sur la signification individuelle et sociale de l’usage dit excessif de nouvelles technologies.
Tout d’abord, la question est de savoir quels sont les facteurs qui amènent les gens à se considérer eux-mêmes comme dépendants et de déterminer à partir de quel moment leur entourage estime qu'ils entrent dans une relation qui devient néfaste. Afin de mieux comprendre cette perception, nous tenterons de répondre aux questions suivantes : à partir de quand estiment-ils qu’ils ont dépassé le seuil ? Quelle est leur échelle de perception ? Comment déterminent-ils ce seuil de dépendance ? Quels sont les arguments qui leur permettent de justifier ces usages comme des modes de vie ou des habitudes non-problématiques ?
Dans ce discours autour de la dépendance chez les enquêtés, il est intéressant de remarquer qu’ils mesurent très souvent leurs usages en comparaison avec ceux des adolescents ou des jeunes en exprimant des critiques plus sévères envers eux, alors qu'ils sont bien conscients de leurs propres problèmes vis-à-vis des technologies. De plus, l’usage excessif pour les seniors est souvent considéré comme une compétence plutôt qu’un problème et les enquêtés ont clairement montré le sentiment d’être mieux que les autres seniors qui sont non-pratiquants car ils ont surmonté le stéréotype d'une vieillesse technophobe. Cela montre bien que la notion de dépendance est une construction sociale par la perception normée des usagers eux-mêmes, la perception de l’entourage et de la société.