May 31, 2021 to June 4, 2021
Visioconférence
Europe/Paris timezone

Cultures numériques, vers une reconfiguration du lien social

Jun 2, 2021, 3:10 PM
40m
Zoom

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Lien zoom : https://u-paris.zoom.us/s/87886266166 ID de réunion : 878 8626 6166 Code secret : 743708
Papier rédigé et partagé en amont porté à la discussion Amour, amitié, familles, liens sociaux

Speaker

Sofia MOUSTARJI (Université Hassan II)

Description

Dans les sociétés industrialisées modernes, l’accélération du changement induit des transformations structurelles. La révolution industrielle et médiatique a ébranlé les concepts sociologiques, cette nouvelle forme d’existence a fait naître plusieurs théories expliquant les conséquences de ce nouveau vivre ensemble pour l’homme. L’interactionnisme de Simmel, le capital culturel de Bourdieu et l’industrie culturelle de l’école de Frankfurt ont essayé de cerner cette mutation sociale en interaction avec les médias, qui a cette époque, se résumaient à la Télé, la radio et la presse papier. Quelques décennies plus tard, on assistera à l’avènement du Web, une révolution pour les TIC qui a chamboulé les modes de vie puisqu’elle s’invitera chez les gens et son usage évoluera d’un usage professionnel, à un usage familial et par la suite à un usage personnel et privé.
La sociologie a toujours considéré le numérique comme l’apanage de la sociologie des techniques d’information et de communication négligeant pendant longtemps son impact sur la dynamique des liens sociaux qui se sont trouvés embarqués dans une perpétuelle redéfinition. Plus tard la sociologie anglo-saxonne et francophone enquêtera sur les processus de domestication des technologies au sein des domiciles des particuliers et sur la sociologie des réseaux sociaux. La spécificité de cette culture numérique réside dans sa dématérialisation et la spécificité de son interaction, ce qui engage le lien social dans une spirale dynamique et mutante. Pour George H. Mead, tout individu ne peut se reconnaitre une identité qu’on adoptant essentiellement le point de vue des autres, à savoir celui de son groupe social mais aussi celui des autres groupes, puisque le soi est surtout une structure culturelle et sociale .
Les pratiques « augmentés » du web ainsi que de ses nouvelles dimensions ouvrent la porte à de nombreux questionnements en rapport avec le lien social et culturel, que ça soit en terme d’exclusion ou de communautarisme. Cette invasion du monde réel par celle du monde virtuel, demande à être repensée pour une meilleure compréhension de ses nouvelles acceptions :
« On n’est un Soi qu'au milieu d’autres Soi. Un Soi ne peut jamais être décrit sans référence à ceux qui l'entourent »
Dans le sens traditionnel, une communauté se base essentiellement sur un ancrage territorial géographique mais avec l’avènement du numérique, ce qui fait lien c’est d’abord le partage d’intérêt commun, de valeurs, de croyances communes ou d’appartenance culturelle. L’identification joue alors un rôle primordial dans ce processus, elle ne se limite pas aux groupes d’appartenance mais aussi aux groupes de référence dans lesquels le sujet puise ses modèles, elle intègre en plus de la position de l’individu définie par son histoire et son statut social, ses anticipations et ses aspirations. Il convient donc de s’interroger sur l’altération du « je » et du « nous » face à la culture numérique. En effet, la communication de groupe médiatisée par l’outil informatique est un espace social et symbolique dans lequel les intervenants peuvent développer un sentiment d’appartenance au groupe et construire une identité collective. Ces espaces d’échanges sont organisés sous une structure sociale à savoir, des codes de conduites, des règles et des normes et un contrôle par le pouvoir de la sanction et de l’exclusion :
« Le terme d’individu, ai-je dit, ne semble plus de mise. En tout cas dans son sens strict. Peut-être faudrait-il parler, pour la postmodernité d’une personne (« persona ») jouant des rôles divers au sein des tribus auxquelles elle adhère. L’identité se fragilise. Les identifications multiples, par contre, se multiplient. »
Les liens sociaux qui étaient des relations authentiques entre individus qui se connaissent et qui peuvent se rencontrer, seront remplacés par un lien numérique virtuel ou une cyber relation. Des débats opposeront ceux qui qualifient le numérique d’un espace d’atomisation du lien social, contre ceux qui attestent de son pouvoir amplificateur des relations interpersonnels.
L’ère de la suprématie de l’institution familiale comme noyau majeur de l’éducation, de la culture, est troquée par l’influence d’une culture plus générationnelle
« La compréhension herméneutique doit employer des catégories inévitablement générales pour saisir un sens inaliénablement individuel »
La cyberculture démocratisée, semble représenter un référentiel pour la jeunesse. En effet, observer ces nouvelles pratiques culturelles comme un fait social créateur d’une nouvelle forme du lien social est la première démarche à entretenir grâce à des études quantitatives pour les recensements qualitatives et qualitatives pour les interprétations et les analyses.

Primary author

Sofia MOUSTARJI (Université Hassan II)

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