Speaker
Description
En m’appuyant sur les résultats d’une recherche doctorale en cours au sein d’un milieu d’accueil agréé par l’Office de la naissance et de l’enfance, je propose de questionner la façon dont aujourd’hui il est attendu que l’on traite nos passions : comment des professionnels de l’enfance se sentent aujourd’hui légitimes (ou non), dans un contexte où le style de passion est noué à la promotion d'un comportement faisant preuve d’autonomie (Ehrenberg, 2012), d’intervenir au nom de ce qu’ils considèrent être « l’intérêt de l’enfant » ? Par passion, j’entends « ce qui est subi par quelqu'un » ; soit, toute difficulté qu’il rencontre dans sa vie.
A partir d’une situation rencontrée par l’équipe concernant une enfant dont ils craignaient que ses intérêts ne soient bafoués par ses parents, je montrerai comment nous pouvons comprendre la manière dont ils s’y prennent pour intervenir auprès de leur public. Nous verrons qu’ils le font en se posant principalement deux questions : à qui a-t-on affaire et comment intervenir? Par-là j’espère montrer également en quoi pour comprendre la manière dont des professionnels accomplissent leur mandat, on gagnerait à s’orienter dans la voie ouverte par l’analyse des activités professionnelles en situation – le quotidien n’étant pas affaire d’application mécanique de textes mais d’incertitudes, de dilemmes et de tensions (Ravon & Vidal-Naquet, 2018).
De plus, ce cas a ceci d’intéressant qu’il a provoqué lors des discussions en équipe beaucoup d’émotions comme de la peur, de la colère, mais également parfois un sentiment de compassion. Ces émotions et la manière dont ils en parlent ou cherchent à les travailler, je le montrerai, sont d’excellents signaux pour reconnaitre l’intention et la règle que les professionnels sont en train de suivre et à partir de laquelle ils évaluent les situations.
Bibliographie
- Ehrenberg A., La société du malaise, Paris, Odile Jacob, 2012.
- Ravon, B. & Vidal-Naquet, P., 2018. « Les épreuves de professionnalité, entre auto-mandat et délibération collective. L’exemple du travail social », Rhizome, Vol. 1, n°67, pp. 74-81